Le jardin qui cache la forêt
Albert Kahn. Son nom ne vous est certainement pas inconnu, accolé à celui d’un jardin niché dans l’ouest parisien, à Boulogne. Un jardin merveilleux qui cache une histoire plus fascinante encore que les arbres et les plantes qu’il abrite.
Les jardins Albert Kahn s’étendent sur quatre hectares, achetés parcelle après parcelle entre 1892 et 1910 par ce banquier mystérieux qui n’aimait pas se faire photographier, même au milieu de l’intelligentsia de l’époque qu’il conviait chez lui.
Fondé de pouvoir dans une petite banque, il y grimpe les échelons, fait fortune en spéculant sur l’or et le diamant sud-africain, jusqu’à monter son propre établissement.
Plus ouvert au monde que ses confrères, il voyage. En Asie, en Amérique du sud, aux États-Unis… il tisse des liens avec le Japon, ce qui accroit encore sa fortune mais aussi sa fascination pour le monde.
Au jardin français qu’il fait dessiner par un paysagiste réputé, s’ajoutent au fil des ans un jardin anglais et un jardin japonais. Des serres, une pagode, un pavillon, la façade d’un temple et des ponts et des bois d’arbres rares cohabitent ainsi sous les yeux ravis d’un Albert Kahn pacifiste, mécène et humaniste. Les plus grands artistes du début du siècle y sont régulièrement invités et contribuent à l’aura de leur créateur.
Mais Albert Kahn ne s’est pas contenté de dessiner un jardin monde qu’il pouvait admirer depuis sa fenêtre. Profondément pacifiste en des temps guerriers, certainement voulait-il influer sur le monde.
Fortune faite, il s’est évertué à la dépenser jusqu’au dernier sou en envoyant dans les contrées lointaines géographes, photographes et cinéastes pour figer sur la pellicule des pans entiers de la planète.
Et c’est là l’autre facette de ce qu’il nous a légué. Si les jardins Albert Kahn en partie détruits au fil des décennies ont été rénovés et sont rouverts au public, le musée Albert Kahn, qui possède les milliers d’images rapportées du monde entier a longtemps été fermé. Il rouvrira l’an prochain et vous entendrez certainement le récit de son histoire, dont la fin fut tragique. Ruiné par la crise de 29, sa propriété (devenu le Musée Albert Kahn) et ses archives seront rachetés par la ville de Boulogne qui lui laissera une chambre dans laquelle il mourra en 1940. Une terrible année et une triste fin pour un pacifiste et un humaniste forcené.
Les Archives
http://collections.albert-kahn.hauts-de-seine.fr
Musée et Jardin Albert-Kahn
1 rue des Abondances, 92100 Boulogne-Billancourt
https://albert-kahn.hauts-de-seine.fr
À découvrir : une nouvelle mise en lumière scénographique des jardins depuis le 16 Juin.