Quartier

La Cité Internationale

Le Corbusier, Rockefeller, Foujita.

Pavillon Suisse
LE CORBUSIER

Je confesse. J’avais une fausse idée de la Cité Universitaire de Paris : du collectif pour étudiants dans le style des barres HLM qui dénaturent certaines banlieues proches. Des esprits généreux ont pourtant rêvé au lendemain de la première guerre mondiale, d’édifier une cité unique en son genre. Et ils l’ont fait !

Me voilà aux portes du Parc Montsouris. Je vous emmène découvrir un lieu à la fois insolite et méconnu, extraordinaire. Un témoignage surprenant au cœur de Paris d’une confrontation architecturale inédite, au sein d’un immense parc de la taille d’un arrondissement bâti d’une quarantaine de pavillons, confiés pour la plupart à des architectes de renom.

Pour la Fondation Suisse, l’incontournable Le Corbusier, y construit son premier immeuble et expérimente des techniques inédites en 1933 : pilotis, toit terrasse, fenêtres en bandeau et plans libérés de murs porteurs.

Missionné par son pays, Dudok n’est pas en reste. Il réalise son unique chantier français, Le Collège Néerlandais, devenu depuis une des œuvres iconiques du mouvement moderne.

L’architecte Jorge Medellin lui répond avec maestria avec sa Maison du Mexique barrée d’une immense fresque maya et pour laquelle Charlotte Perriand fut invitée à créer les bibliothèques du même nom, tandis que Le Corbusier récidive en 1957 et conçoit pour la Maison du Brésil, un bâtiment en béton surélevé de six portiques.

Loin de leur style moderniste, voisinent des édifices aux élans nationalistes. Leur langage est lisible, connu de ceux qui visitent le monde.

La Maison du Japon présente les traditionnelles baies coulissantes et dévoile deux fresques du génial Foujita. La Maison du Cambodge est, elle, protégée par d’impressionnantes sculptures de dieu-singe que n’adoucit pas la redoutable expressivité des bas-reliefs khmers.

Le plus pur style Gustavien s’affiche sur la Maison des étudiants suédois tandis que le collège d’Oxford est presque là, reproduit par la Fondation Deutsch de la Meurthe.

Née de la volonté pacifiste dans les années 1920 de rapprocher les cultures du monde, l’idée a séduit de célèbres mécènes dont John D. Rockefeller qui offre en 1936 la Maison Internationale et sa magnifique piscine Art Déco.

Aujourd’hui, une fondation privée poursuit l’œuvre de ses pères fondateurs. Elle administre et entretient le domaine, propriété de l’Université de Paris et s’est récemment engagée dans un programme de développement avec l’ouverture de la Maison de la Corée et les futures Maisons de l’Egypte et de la Chine. 

Des étudiants de 140 nationalités résident dans ce havre de paix et de sérénité sur plus de 34 hectares paysagers ombragés d’arbres bientôt centenaires. Sequoia géant, tulipier de Virginie, arbres taillés en nuages, jardin paysager des années 30, aulne du Népal, ptecocarya du Caucase, érables de Cappadoce.

On voyage et on rêve dans cette enclave éclectique, de redevenir étudiant ou de se voir confier la vente d’une de ses merveilleuses maisons. Rêve pieux mais qui sait…

Qui a dit que Paris n’était que classicisme ?

Accueil : 17 boulevard Jourdan, 75014 Paris.

Visites organisées le dimanche : www.ciup.fr

Locations privées : mecenat@ciup.fr

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